Era
la primavera del 1984, mio padre Augusto ed io stavamo lavorando
ad una scultura in gesso. L'opera era " Orfeo" e nel dipanare
discorsi, dialoghi che normalmente avvenivano mentre lavoravamo
alla realizzazione di grandi sculture (il mio ruolo era semplicemente
di garzone di bottega), lui uscì con una frase drammatica:
"questa opera la sto modellando per la mia tomba. Voglio che
sopra la terra che mi coprirà ci sia questa figura di Orfeo
Vedi, questa figura all'apparenza dolce e spensierata, mi riporta
a quando, più giovane, scendevo in miniera con i minatori
della Valle Imperina. In quella discesa provavo angoscia, non c'era
spazio per il romanticismo, per la poesia. La realtà era
così cruda da non lasciare tempo a divagazioni estetiche.
Disegnavo ciò che vedevo e poi, la tragedia dei minatori
di Marcinelle, così lontana, ma vicinissima alla realtà
mineraria di Valle Imperina. Nessuno era in grado di aiutare chi
rimaneva bloccato in miniera e le donne che aspettavano fuori non
potevano che attendere nella paura.
Orfeo rappresenta il dramma della speranza irrealizzabile. Egli
infatti discende agli inferi per salvare Euridice, ma quando vede
la luce della salvezza ed è convinto di averla liberata dalla
morte non resiste alla tentazione di voltarsi e per troppo amore
la perde".
Come scrive Virgilio nel Quarto libro delle Georgiche "
Si
volse immemore a guardare lei che pareva attesa ombra su l'orlo
della luce
". "Ecco quegli uomini, quelle donne,
io, siamo come Orfeo, viviamo la speranza svanita."
Oggi, ricordando quel suo pensiero, riferito metaforicamente alla
sua malattia, mi tremano il cuore e la mente.
Orfeo, i disegni dei minatori ed il tempo che gli era sempre più
avaro, davano libertà alla sua mente di collocarsi e muoversi
nel tempo attraverso il mezzo della poesia. Espressione suprema
del mondo umano, rompe quella fissità della natura che non
ci è data per conoscere fondendo fatti umani, memoria e la
vita del presente.
Mio padre, desiderava rendere palese la sua testimonianza degli
uomini delle miniere conservando numerosi disegni realizzati nelle
profondità della terra su carte di fortuna (retro di calendari,
manifesti, carta da pacchi).
Oggi quel pacco di memorie ritornano alla sorgente per far rivivere
le fatiche, i suoni e il ricordo della gente che ha abitato le nostre
valli.
FRANCO MURER
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ORFEO
- 1984 -
Bronzo
Esposto alla
XLI Biennale di Venezia
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C'était
le printemps 1984, mon père Augusto et moi, nous étions
en train de travailler à une sculpture en plâtre.
L'oeuvre s'intitulait Orphée et pendant que nous causions,
une chose que nous faisions avec une certaine habitude lors de
notre travail à de grandes sculptures (mon rôle était
simplement celui d'un apprenti), une phrase dramatique s'en sortit
de sa bouche : "cette oeuvre, je suis en train de la modeler
pour mon tombeau. Je veux qu'au-dessus de la terre qui me couvrira
il y ait cette figure d'Orphée. Tu vois, cette silhouette
qui a première vue semble douce et insouciante, me fait
penser au temps où, plus jeune, je descendais dans les
minières avec les mineurs de la Val Imperina. Pendant la
descente j'éprouvais de l'angoisse, il n'y avait pas de
place pour le romantisme, pour la poésie. La réalité
était si crue qu'il n'y avait pas de temps pour des digressions
esthétiques. Je dessinais ce que je voyais et puis il y
eut la tragédie des mineurs de Marcinelle, si lointaine
mais si près de la réalité minière
de la Val Imperina. Personne ne pouvait aider ceux qui étaient
restés bloqués dans les puits et leurs femmes, qui
se trouvaient dehors, ne pouvaient qu'attendre pour avoir des
nouvelles.
Orphée symbolise le drame de l'espoir irréalisable.
En effet il descend aux Enfers pour sauver Eurydice, mais, quand
il voit la lumière du salut, il est convaincu de l'avoir
libérée de la mort. Alors il ne résiste pas
à la tentation de se tourner et à cause de son trop
grand amour il la perd".
Pour reprendre les vers de Virgile dans le Quatrième livre
des Géorgiques : "...juste au moment où son
Eurydice arrivait à la lumière, oubliant tout, hélas!
Et vaincu dans son âme il se tourna pour la regarder
..".
"Voilà ces hommes-là, ces femmes-là
et moi, nous sommes comme Orphée, nous vivons l'espoir
évanoui".
Aujourd'hui, en me rappelant cette réflexion qui se réfère
métaphoriquement à sa maladie, mon coeur et mon
esprit vacillent.
Orphée, les dessins des mineurs et le temps qui devenait
toujours plus avare avec lui, donnaient libre cours à son
esprit de se placer et de bouger dans l'espace temporelle à
travers la poésie. Expression suprême du monde humain,
il rompt la fixité de la nature qui ne nous est pas donnée
pour connaître en mélangeant des faits humains, les
souvenirs et la vie présente.
Mon père désirait révéler son témoignage
des hommes des minières en conservant de nombreux dessins
réalisés dans les profondeurs des puits sur du papier
de fortune (le verso de calendriers, des affiches, du papier d'emballage).
Aujourd'hui, ce paquet de mémoires est de retour pour faire
revivre les fatigues, les bruits et les souvenirs des habitants
de nos vallées.
FRANCO MURER
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